CCN-PO
Conférence de Monsieur
Guy Jacques,
Maître de Recherche Honoraire au CNRS
Samedi 5 Décembre 2015 à 15 heures
Salle de la Fédération des œuvres Laïques (F.O.L.) 1,Rue Michel Doutres, Perpignan
Entrée libre et gratuite
« Oser la
décroissance »
Le monde va mal et la plupart des hommes
politiques et économistes espèrent soigner le mal par le mal. Pour eux, la
seule solution à tous nos maux est de continuer à croître ! De leur côté,
écologues et écologistes sont ravis d’avoir trouvé la solution avec le
« développement durable » qui, nous le montrerons, est bien un
oxymore. Les mêmes sont horrifiés ou feignent d’ignorer le terme
« décroissance », tout comme Laurent Fabius qui déclare :
« la décroissance je ne sais pas ce que c’est. » Ils devraient écouter l’économiste Philippe
Dessertine qui dit ne pas souhaiter la décroissance mais reconnaît qu’elle est
inéluctable. La décroissance demeure donc l’apanage d’un petit nombre
personnalités militantes qui ont du mal à être convaincants. La réflexion d’un
scientifique le sera-t-elle plus ? Je l’espère, car cette position part
d’une observation irréfutable : confrontés au changement climatique, à
l’érosion de la biodiversité et autres perturbations de l’environnement,
comment ne pas nous rendre à l’évidence : une croissance illimitée dans un
monde aux ressources finies est une absurdité.
Après avoir décrit le piège que constituent le développement
durable et ses facettes tentatrices, la transition énergétique, la croissance
verte, l’énergie décarbonée, nous balayerons les solutions pour vivre mieux
mais différemment. Nous éliminerons les fausses solutions, comme le retour vers
des sociétés primitives, la croissance comme remède à la croissance, le
tout-pouvoir de la science ou bien l’espoir d’une autorégulation de la planète. Nous montrerons que certaines solutions
prônées par les décroissantistes sont
utopiques, sinon malvenues : la réduction drastique du temps de
travail ou le revenu inconditionnel. Il nous faut donc abandonner le modèle
productiviste et ses fondements : le culte fétichiste de la croissance et la
croyance aveugle dans les bienfaits des progrès technoscientifiques. Consommer
moins, beaucoup moins, était déjà dans les esprits en Mai 68, mais,
aujourd’hui, le monde compte plus d’obèses que de malnutris ! Le choix de
la décroissance implique, une régulation démographique, sujet tabou, et la
réduction des inégalités entre riches et pauvres à l’intérieur des sociétés et
entre pays riches et pays pauvres. Ceci sous-tend que c’est aux pays
occidentaux de montrer l’exemple. La décroissance économique, celle du PIB,
n’impliquera en rien une décroissance sociale et culturelle, car, au-delà d’un
certain niveau de vie, le bonheur, le taux de scolarisation, l’espérance de
vie, n’augmentent plus.
Chercheur en écologie marine, Guy Jacques
s’est toujours intéressé à la vulgarisation, profitant de son travail au sein d’équipes
pluridisciplinaires pour élargir son champ de compétences. Une centaine de
conférences, une dizaine d’ouvrages lui ont permis d’aborder l’océan, le cycle
de l’eau et celui du carbone, le climat et l’écologie. Il en vient,
aujourd’hui, à considérer qu’il faut oser utiliser le terme décroissance et s’y
diriger en rappelant la phrase de Jacques Ellul :
« Car
ce sera une satisfaction parfaitement positive que de manger des aliments
sains, d’avoir moins de bruit, d’être dans un environnement équilibré, de ne
plus subir de contraintes de circulation. »